Le montage alterné avant Griffith : le cas Pathé

Le montage alterné avant Griffith

De façon générale, les historiens du cinéma considèrent l'apparition du montage alterné comme le points de départ de l'esthétique cinématographique classique, esthétique qui finira par s'imposer sur l'ensemble du monde des images en mouvement à la fin des années 1920. Nul ne sera surpris de constater, par conséquent, que ce procédé d'assemblage - permettant principalement de signifier la simultanéité de plusieurs événements - occupe une place privilégiée au sein du discours historique traditionnel. Pourtant, on explique encore difficilement le développement de cette figure, dont D. W. Griffith fera un usage particulièrement achevé dès 1908. Comment peut-on expliquer l'apparition du montage alterné ? Dans quelles circonstances narratives précises était-il utilisé ? D'où vient, au juste, sa domination sur les autres modalités de montage, alternant ou non ?

L'objectif de cet ouvrage est d'établir, selon de nouvelles perspectives, l'état du « contexte langagier » à partir duquel D. W. Griffith et ses collègues ont commencé leur carrière de metteur en scène. Étudiant la production de la firme française Pathé - véritable « laboratoire » cinématographique où seront développées plusieurs figures de montage dont, notamment, le montage alterné - cette analyse désire jeter un peu plus de lumière sur les modalités d'émergence du montage alterné et mieux comprendre, ultimement, en quoi cette figure est devenue l'un des enjeux majeurs du processus d'institutionnalisation du cinéma.