Une aventure du sergent Flamme. Vol. 7. La conspiration Janus

À partir de cet instant, tout se passa au ralenti, comme si le cerveau du sergent séquençait chaque instant pour l'analyser : l'adjudant sembla brutalement monter d'une trentaine de centimètres vers le ciel, tandis que l'épi s'enfonçait dans le toit. Flamme se souviendrait toujours des yeux de son chef de centre qui le fixaient d'une manière désemparée. Sa main droite faisait des petits mouvements rapides et incontrôlés, comme si elle cherchait un point où s'agripper.

Puis, d'un seul coup, toute une partie du toit disparut dans un crépitement d'étincelles suivi d'un énorme panache de fumée, comme si l'hôtel s'était transformé en volcan. Flamme crut voir la silhouette de l'adjudant se débattre dans des solfatares grisâtres, en même temps que juste derrière lui un fracas terrible retentissait.

Gus semblait pressé de se coucher et Flamme avait peu envie de discuter. Il avait une quinzaine de minutes de marche jusqu'au pont Marie. Il longea les berges, regardant sans y penser les péniches de touristes qui naviguaient sur la Seine, remonta vers le parvis de la cathédrale qu'il salua comme une vieille connaissance. Les grues étaient immobiles, penchées à son chevet, attentives à ses blessures. Il pensa un instant à la charge d'explosifs qu'il avait désamorcée et son coeur se serra. Il passa le square Jean XXIII, se désaltéra rapidement à la fontaine de la Vierge et rejoignit l'île Saint-Louis en traversant la passerelle du même nom, puis obliqua sur le quai de Bourbon. Il savait que dans quelques minutes il allait affronter le danger. Serait-il condamné toute sa vie à se battre contre Janus ? Préférait-il une autre vie ? Instinctivement, il commença à s'échauffer les muscles de la nuque et des épaules comme avant un combat.