Eugène Dodeigne (1923-2015) : une rétrospective
En 2020, une première exposition rétrospective à La Piscine qui n'avait pu ouvrir ses portes au public à cause de la pandémie s'accompagnait de l'édition d'un ouvrage récompensé par le prestigieux FILAF d'Or, prix du Festival international du livre d'art et du film de Perpignan. C'est cet ouvrage qui reparaît aujourd'hui, dans une édition revue et augmentée.
« La sculpture est un combat, une lutte contre la matière. Il faut jouer des poings. » Eugène Dodeigne
Né dans une famille de tailleurs de pierre de la région belge de Soignies, d'où l'on extrait des carrières une matière minérale aussi belle que difficile à tailler, Eugène Dodeigne apprend le métier dès l'âge de 13 ans auprès de son père, marbrier. De précoces dispositions le conduisent à l'école des beaux-arts de Tourcoing, puis à celle de Paris. Très vite, il est soutenu par les grands collectionneurs du Nord et représenté par les galeries roubaisiennes.
L'artiste travaille d'abord le bois dans des formes lisses et rondes, dignes héritières de celles de Brancusi et Arp. En 1955, sa rencontre avec Germaine Richier l'introduit dans le milieu artistique parisien. À partir de cette période, les expositions s'enchaînent. À Paris, les galeries Claude Bernard, Pierre Loeb et Jeanne Bucher lui organisent d'importants accrochages et mettent en valeur les pierres qu'il sculpte depuis 1956, mais aussi les bronzes expressionnistes qu'il crée à partir de 1963. À la fin des années 1960, sa notoriété devient internationale : Belgique, Pays-Bas ou Allemagne accueillent ses sculptures, comme bientôt de nombreux lieux publics et parcs de musées à travers le monde. Ses pierres de Soignies sont alors parvenues à une grandeur monumentale dans des formes arrachées à la matière et qui disent l'Homme et la condition humaine. Déplaçant dans une modernité flagrante et singulière la leçon de Rodin et la silhouette inspirante de L'Homme qui marche, il apparaît avec ses outils, sa vigueur, sa volonté farouche et son humanisme, comme un véritable emblème de la sculpture de notre temps, définitivement comme l'Homme qui sculpte.
Riche d'importantes contributions, cette publication de référence dresse un portrait renouvelé de l'artiste, beaucoup moins « monolithique » qu'on ne le pensait jusqu'alors, en reconsidérant son oeuvre dans toute sa richesse. Aux côtés des pierres de Soignies - sa signature évidente - figurent plâtres, bois, bronzes, terres cuites, dessins, peintures et éléments de mobilier, embrassant plus de soixante ans d'une vie de création.
Largeur : 25.0 cm
Epaisseur : 3.6 cm