
La navigatrice en solitaire
Almut, mère célibataire et chercheuse
en études littéraires, reprend à son père, architecte renommé en RDA, un voilier, un dragon. « Je ne voulais pas posséder le bateau, je refusais seulement de le laisser partir. » Cependant, le dragon ne se dévoile pas. Pas tout de suite. Il est élégant, il séduit. Mais il dévore, il ruine, il éprouve. Dans ce face-à-face, le dragon n'est plus seulement ce voilier à admirer et à mépriser, à restaurer et à manoeuvrer. Il se fait aussi le miroir du quotidien de la narratrice, de son rapport au père, au passé, aux hommes, aux choses, au pays natal et, au rebours d'un narratif idéologique, des rapports asymétriques qui traversent la société de la RDA. Chaque geste d'Almut se mue alors en acte d'émancipation et de libération déployé non pas du haut des tribunes ou à l'occasion de discussions mondaines, mais au ras du sol, ou plutôt au ras du vent, au ras des vagues, au ras d'une rive. Au fil d'un lâcher-prise. La narratrice, dans un Milan pluvieux qui vient remuer le désiré mal du pays, déplie devant nous des souvenirs, ces bouts de tissu d'une vie, sans larmoiements, sans justification. L'écriture flottante et ondoyante de Christine Wolter vague bien au-delà du moment RDA, fait écho à notre actualité et se révèle être toujours notre contemporaine. À sa parution, La Navigatrice en solitaire hasarde « un signe, mais comme nous ne savons plus interpréter les signes, comme nous avons perdu et ne savons plus faire beaucoup de choses, contentons-nous de l'avoir vu, au moins vu ». Au moins lu.
Largeur : 14.0 cm
Epaisseur : 1.4 cm